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3 ans
3 ans quasiment jour pour jour que notre vie a changé du tout au tout.
3 ans que nous avons eu la grande joie d'apprendre que j'étais enceinte après 4 FIV en France, 5 transferts en FIV-DO et, hélas, 3 FCP.
Cette grossesse a eu son lot de surprise : nos 2 petits embryons transférés lors d'un TEV ont décidé de s'accrocher !,... de frayeur, de nausées (argh, les vomitos à blanc !!!), de craintes et de trop peu de sérénité.
Ces quasiment 39SA à couver nos petits Tic & Tac (ou Jules & Jim !) m'ont paru interminables tellement je m'interdisais de me projeter sur un happy end heureux. Un de mes leitmotivs "day by day, step by step" m'a aidé à vivre ces longs jours d'inquiétude mais, avec du recul, je n'ai vraiment apprécié que le dernier trimestre (quelle sensation indescriptible de sentir ses bébés bouger dans son ventre !), une fois le seuil de prématurité passé.
Car oui, être enceinte de jumeaux te rajoute des angoisses dont tu te serais bien passé ! J'ai eu l'impression de passer mon temps à passer des caps : des 7 SA, des 12 SA, le DPNI, les 22 SA, les 28 SA...
Les médecins me parlaient de grossesse à risque (merci pour taire mes angoisses !), de diabète gestationnel, de prématurité, de préclampsie...
Heureusement, je suis passée à côté de tout cela mais, avec du recul, tout cela a terni ma seule et unique grossesse et j'en ai du regret. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Cette grossesse, après tant d'espoirs déçus, d'échecs déprimants était si précieuse...
Quasi 3 ans que notre vie se vit à quatre.
Les 3 premiers mois après la naissance des loupiots ont filé à la vitesse de l'éclair. Nous étions en mode zombie. Il n'y a pas à dire, même en étant bien organisés, les nuits et les journées entrecoupées de pleurs, de biberons à donner, de couches à changer... t'usent sacrément. Notre carnet de bord était devenu notre 3ème cerveau, tellement nous ne savions plus qui avait mangé et à quelle heure... Quand j'y repense, je ne sais pas si je me sentirai prête à retenter l'aventure de jumeaux. Je ne regrette rien mais pfff, que ce fût difficile !!
Côté physique, la récupération ne fût pas simple et ne l'est toujours pas. Mon manque de temps pour bien faire ma rééducation (périnée et abdo), mon âge, mes soucis de santé particuliers... font que je ne suis toujours pas au top... et pourtant, il me faut l'être car nos deux petits bouts, eux, le sont !
Anaëlle et Titouan ont désormais 2 ans et 4 mois. Ils sont en pleine forme !
Titouan est une vraie piplette-perroquet avec une mémoire très impressionnante. Depuis 1 ou 2 mois, il est arrivé au stade du "terrible two" comme le disent les anglo-saxons. Une vraie tête de pioche qui veut faire que ce que, lui, a décidé ! Je vous laisse imaginaire les crises... Pas cool le petit père par moment.
Anaëlle commence toute juste à dire des mots (c'est si facile de laisser parler son frère à sa place !) mais je me rassure car elle comprend tout. C'est une vraie boute-en-train avec des moments "chipie".
Entre eux, ils ne sont parfois pas tendres ! Les morsures, les cheveux en moins sont monnaie courante. Mais, à l'inverse, ils sont souvent complices aussi, lors de parties de cache-cache, de courses, de parties de rigolade...
Quant au don, je l'oublie, souvent, de plus en plus.
A leur naissance, il m'était revenu en pleine face, comme si dans cette histoire, je n'avais pas ma place. Le jeu des ressemblances m'avait paru alors si cruel, car il m'excluait d'office alors qu'une naissance, d'habitude est un moment de rassemblement, de partage... J'ai mis beaucoup de temps à me sentir "légitime" dans mon rôle de mère.
Pourtant, juste avant le don, je croyais avoir fait le deuil de mes gênes mais, au final, ce n'était qu'un deuil de surface. La FIV-DO n'était que le seul moyen pour nous de devenir parent, alors, contrainte et forcée d'accepter cette fatalité, j'ai sauté le pas et pensé avoir réglé cette affaire de gêne. Eh bien non, ce n'était pas si simple que ça...
De temps en temps, je leur parle, après la lecture du soir, de leur histoire, de notre histoire de parents partis chercher une dame loin loin loin par delà les montagnes qui a bien voulu nous donner quelques uns de ses oeufs, car ceux de maman étaient cassés... J'aimerai trouver des livres accessibles pour leur âge sur ce thème-là.
Quant au projet de loi de bioéthique, je m'interroge sur le fait que sur l'acte de naissance, il soit mentionné que l'enfant soit issu d'un don... Il est évident que nous ne cacherons rien de notre parcours et de leur histoire à nos petits. Nous sommes allés en RT alors que les dons sont anonymes. Peut-être auront-ils le besoin de connaître l'identité de la donneuse mais en quoi une écriture sur un acte officiel changera quelque chose ? J'aurai même peur que cela les stigmatise plus qu'autre chose.... Bref, je m'interroge.
Là aussi, j'aimerai lire des témoignages d'adultes issus de dons anonymes afin de savoir comment ils vivent cela.
Bref, des questions sur le don sont encore à venir. J'espère que nous saurons répondre à leurs interrogations, qu'ils ne vivront pas mal le fait d'être issus d'un don anonymé.
Comme je le disais, j'oublie le don, de plus en plus, même s'il restera toujours présent de fait.
J'oublie même de venir sur ce forum, alors qu'il fût mon refuge pendant de si longs mois et années.
D'ailleurs c'est aussi l'objet de ce long monologue (encore un !), écrire un happy end à ce post vieux de 3 ans.
Merci aux administrateurs de ce forum par leur implication, leur dévouement. Grâce à vous, deux petits êtres éclairent notre vie.
Merci à toutes les Cigognes que j'ai lues, avec qui j'ai échangé, qui m'ont lu, même si bon nombre d'entre elles ne fréquentent plus le forum (ben oui, une dinosaure j'étais !!).
De grosses pensées à Optwin-ma-petite-biscotte-nantaise, à Oumick et Axel, à Gwen et Valentin, à Titounette-ma-binome-de-transfert et Antonin, à Louloutte (?) et Roxane & Samuel, à Deltica, à Ratou, à Raphy, à..., à ..., pfiou, j'en oublie, désolée.
Bon courage à toutes les autres Cigognes encore en chemin. J'espère que mon témoignage vous donnera du peps pour continuer sur ce foutu chemin bien caillouteux et parfois trop semé d'embûches pour être parents.
Belle année à toutes en vous souhaitant de beaux bébés en 2020 !
Bon vent à toutes et soyez heureuses !
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